mardi 5 février 2008

Désolé mon grand, tu es trop petit
Reignier rêve d’un centre mais ne s’en donne pas les moyens. Au lieu de repenser son existant pour lui insuffler de la consistance, elle construit en masse, il lui faut du logement. Au sein de Reignier, le développement constant des zones de lotissement saumons banalise l’anti-personnalité. Tout le monde habite dans une même maison construite sur un modèle unique qur l’on pourrait considérer comme un bloc kit. En dehors de ces concentrations résidentielles mises en formes par des promoteurs,nous sommes aussi confrontés à des maisons individuelles récentes, construites toutes sur le même mode: un bloc principalement rectangulaire avec des fenêtres déjà pensées (le tout repéré et acheté à la foire du mieux vivre de la Roche-sur-Foron) puis placé sur un terrain. L’objectif de l’architecture n’est-elle pas de prendre en compte le terrain et la manière de vivre des futurs habitants? Le problème, me semble-til,est que dans une commune comme Reignier, les promoteurs immobiliers ont la charge de faire et défaire notre environnement. Le profit et la rentabilité sont au détriment de la personnalité et de l’humanité. Tout celà nous conduit vers un décor livide, fadace telle une tranche de jambon blanc sous vide de supermarché: un produit emballé prêt à être usé, un packaging fruité pour une réalité sans goût.

In situ
Pour nous, ce qui fait oeuvre, ce n’est pas seulement la pièce physique en elle-même, repérable comme telle (au sein d’un espace dit public), mais, l’ensemble des données qu’elle forme avec son environnement immédiat. L’oeuvre dans l’espace collectif ne peut alors que prendre en compte les paramètres intrinsèques au site. Nous pensons alors que seules l’étude et l’observation du site choisi permet une transformation temporaire de celui-ci.

Richard Sennett, propos recueillis par Thierry Paquot et Bernard Ecrement, Paris, novembre 1994.
«Nous ne créont dans [certaines] de nos villes que des espaces que j’appelle ‘inoffensifs’, neutres si vous préférez, des espaces qui dissipent la menace du contrat social [...] On ne cherche plus a doter un lieu d’une signification, d’un sens mais on cherche à le neutraliser. [...] Il ne raconte plus rien d’intéressant, on ne le regarde plus, il est insignifiant. Mais cette neutralisation est rassurante, elle dit au passant que rien n’arrivera.»
http://www.univ-paris12.fr/1134756867528/0/fiche article/

Reignier
Reignier, 5777 hab. (recensement réalisé en 2004)
410 m. d’altitude, 2508 hab./ km2
Haute-Savoie (Rhône-Alpes)

D’origine paysanne modeste, Reignier, soumise à la commerçante ville de la Roche-sur-Foron et tapie de la ‘prof-ombre’ de la rutilante Genève a attendu les premiers mouvements de rurbanisation des années 60 pour éclore. Elle a eu un développement récent et rapide qui ne lui a pas laissé de temps de construire ses monuments. Une architecture qui aurait pu lui insuffler un sentiment d’histoire, le visible d’une personnalité qui aurait évolué au cours des années. Seuls, l’église et le monument au mort (récemment déplacé), nous donnent une trace visible d’un hypothétique accompli.
Lors de son élévation empressée les maîtres mots ont été la rentabilité et l’efficacité. La problématique: construire des logements et faciliter le déplacement de la voiture. Pas seulement faciliter mais prôner les quatres roues, une réelle ‘adoration’ du déplacement rapide, de la transhumance des logeurs. Reignier n’est pas spécialement conçue pour y travailler, on y dort principalement.
L’urbanisme s’est concentré sur le déploiement du bitume et en second plan apparaît la ville ‘pansée’. On se trouve alors face à une commune au sein d’un noeud routier, organisée autour de la départementale 2. Reignier est une commune péri-urbaine dont toutes les fonctions sont séparées et rangées à leur place créant des micro-zones d’utilité précise délimitées, éclatées aux quatre coins de son étendue.

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